Voyage missionnaire du P. Yoland Ouellet en Inde

Voyage missionnaire du P. Yoland Ouellet en Inde

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Arrivé à Bangalore, ville de 15 millions d’habitants, nous avons visité des gens de diverses religions qui se respectent mutuellement. Un responsable du dialogue interreligieux  nous dit dès le matin de notre arrivée la consigne, ou la sagesse : Live and let live! Vit et laisse vivre les autres! C’est autant la consigne pour passer dans ce trafic intense de motos, motos-taxis, autos et plus gros transports encore.

Nous avons visité le séminaire pontifical Saint Peter où 180 jeunes sont formés au ministère sacerdotal. Pourquoi tant de vocations dans les séminaires? Un confrère missionnaire Oblat, P. Susai Jesu, explique comment la culture est chrétienne dès le jeune âge. C’est ainsi qu’en pleine adolescence, les jeunes demandent d’entrer au séminaire ou en vie religieuse. Nous avons fait l’expérience de cette foi vive en visitant le sanctuaire de l’Enfant Jésus rempli de très jeunes gens pour la simple messe quotidienne. Profondément croyant, ce peuple a dans toutes les grandes paroisses du coin une chapelle d’adoration fréquentée toute la journée. 

Le lendemain, nous avions assisté à l’ordination diaconale de 5 de ces jeunes du Diocèse de Bangalore. Ces jeunes, parrainés par des canadiens français pendant 5 ans, sont le fruit de notre prière mêlée à la leur et de notre soutien généreux depuis tant d’années. Un bon vieux recteur, père Jos Francis B. témoignait au séminaire St. Peter, qu’il était aussi heureux d’avoir eu une dame Ouellet de Lévi comme bienfaitrice en son temps. Durant ce voyage missionnaire,  nous avons rencontré bien des prêtres qui ont eu ce soutien des canadiens durant leur formation. Ils ont toute une reconnaissance envers les généreux donateurs et donatrices aux œuvres pontificales Saint-Pierre Apôtre!  C’est aussi le cas des enfants de la région de Kérala qui ont bénéficié des dons de l’Enfance missionnaire. Nous leur avons donné des papillons faits par les enfants du Québec en signe d’amitié et de solidarité. Qui sait parmi eux, lesquels se transformeront en très beaux et bons disciples de Jésus de demain, en religieux, en prêtres, et même en missionnaires grâce à notre prière et notre aide? 

Témoins de l’ordination au diaconat de 5 jeunes séminaristes,  nous avions été aussi témoins de la richesse d’une église locale qui a la joie de donner  au service du  peuple de Dieu tant de jeunes prêtres. Si un évêque accueille 5 diacres par an, au bout de 10 ans, il a donc 50 nouveaux prêtres! Imaginons alors le clergé local. Les paroisses se les partagent et ils font équipe avec bien des gens engagés avec eux pour lutter contre de nombreuses injustices et inégalités. Les femmes dans toute leur dignité se prennent en main plus que jamais, les communautés locales ont peu de pouvoir (pas de municipalité avec maire), mais des leaders sont formés pour s’impliquer dans les diverses sphères de la société et lutter contre un capitalisme favorisant peu de gens, créant une nouvelle classe de pauvres. Le diocèse forme des leaders chrétiens pour une plus grande justice sociale. La visite des séminaires de Kerala nous font découvrir des institutions qui ont une longue histoire. La formation philosophique et théologique exige bien du personnel et on y offre une formation humaine et psychologique plus que valable pour des jeunes séminaristes qui passent de l’adolescence à la vie adulte avec autant d’exigences. Quelle joie pour nous malgré une chaleur suffocante qui, par moment, a failli éprouver notre enthousiaste.

La visite du Centre Mère Theresa, projet de l’enfance missionnaire subventionné par le Canada-français, mérite notre attention et notre attachement particulier. Les enfants handicapés sont 6 jours semaines emportés au Centre, mais retournés à leurs parents tous les soirs, pour une formation aux valeurs chrétiennes, à l’inclusion dans leur famille et dans la communauté. Leur donnant individuellement un papillon et le nom d’un nouvel ami du Canada, ces enfants étaient ravis. Ce centre, tenu par une seule religieuse entourée d’une quinzaine de professionnels et bien des bénévoles, demandent beaucoup d’intervenants, mais vaut beaucoup pour ces enfants de Dieu et leurs parents mieux supportés dans l’accompagnement de leurs divers handicaps.

La rencontre avec l’archevêque de Trivandrum et les échanges avec notre confrère oblat P.Susai Jesu qui nous accompagne depuis le début du voyage missionnaire, nous font comprendre la complexité des défis de l’Église missionnaire en Inde. Elle se soucie des pauvres et de leur libération. Ils sont des millions! Ils sont 182 évêques, 170 diocèses! Ils travaillent à bâtir le Royaume en cette partie du monde : par l’éducation, la justice sociale, la santé et l’annonce de la Bonne Nouvelle. Leurs défis : la culture des castes à changer pour donner un droit à tous à l’égalité, la conversion et la liberté de religion, la lutte contre l’hindouisme fondamentaliste qui veut s’imposer, le matérialisme et le consommation, la dépendance aux médias sociaux, le déclin de certaines valeurs familiales, la domination des hommes sur les femmes, l’oppression des marginalisés (LGBT,et) et exclusion des plus pauvres, le manque d’unité nationale, le terrorisme croissant et l’intolérance religieuse, la corruption ici et là (classe politique , policiers, etc.), la croissance de la criminalité, les richesses non-partagées et la création de la classe pauvre de plus en plus pauvre. Un monde à libérer de tout cela! La vision de la conférence épiscopale en Inde est celle-ci: As a community of Christ’s disciples, the Church is at the service of the Kingdom of God. As an inclusive and welcoming community, the Church which is a continued presence of Christ actualizes the values of love, justice, equality, mercy and peace. As light, salt and leaven of society, she lives in total solidarity with people, especially the poor. Passant d’une population à l’autre,  nous avons vu des temples aux multiples divinités, des églises aux diverses confessions, des mosquées aux appels très forts à la prière, et ce cher père de la nation, Gandhi qui sur la monnaie du pays nous accompagne et qui demeure pour tous un modèle de tolérance, d’inclusion, de justice sociale, de non-violence, d’égalité, de droits et de paix. Nous voyons surtout tant de visages, un multiculturalisme vivant en pèlerin et en recherche d’un monde plus humain et fraternel qui déjà se vit dans l’intense vie sociale des indiens. Hommes et femmes sont de bonnes volontés : il y a de l’espérance!

Il ya un effort de dialogue religieux pour trouver ensemble cette fraternité, ces valeurs humaines et religieuses communes, ce respect des différentes croyances et cet esprit d’amour qui peut tous nous unir davantage dans une société blessée à soigner et à libérer. Les O.P.M. sont partout connues et appréciées. Les 4 évêques rencontrés prennent le temps de nous dire leurs défis d’évangélisation et de transformation de mentalité, de cultures. Les Missionnaires sont actifs dans toutes les communautés qui se développent  avec peu de moyens. Les Oblats rencontrés manifestent leurs difficultés à obtenir des subsides pour des projets de formation aux catéchètes ou de formation première (philosophats) et nous demandent s’il n’y aurait pas d’autres solidarités à développer. Bref, la moisson est abondante, les besoins immenses, les pauvres  par milliers. Que l’Esprit nous éclaire pour ces nouvelles solidarités avec les communautés religieuses missionnaires. 

Terminant notre voyage au tombeau de Saint Thomas Apôtre, à Cochin (Madras, ville de plus de 15 millions)  nous lui avons confié toute l’Église d’Asie. Heureux ceux qui croient, et ceux qui croiront de plus en plus, sans avoir vu, mais grâce à la Bonne Nouvelle et le témoignage de tous les disciples-missionnaires.

P. Yoland Ouellet, omi, Directeur des O.P.M. Canada-fr