28 octobre - Pauline, au-delà de la mort

28 octobre 2021

La vie de Pauline est très marquée par l’Eucharistie, l’Œuvre de la Propagation de la Foi et le Rosaire vivant. Elle l’est aussi par la croix et les dernières années difficiles qu’elle a vécues dans la Foi et l’abandon à la divine Providence. Pauline s’inscrit au bureau de bienfaisance de Lyon et obtint un « certificat d’indigence », chose bien humiliante pour une « fille de riche », mais elle garde une confiance inébranlable en Jésus et Marie. Cette confiance va l’aider à se battre jusqu’à la fin de sa vie pour garder sa propriété de Lorette. La maison de Lorette a été aujourd’hui restaurée et désormais elle peut accueillir des visiteurs.

Notons d’abord que Pauline a été encouragée par le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon depuis 1840, pour faire exécuter un « chemin abrégé » permettant aux Lyonnais et aux pèlerins d’atteindre Fourvière, en traversant sa propriété avec un droit de passage. Elle résiste ainsi à ses créanciers exigeants et réussit à ne pas vendre Lorette, tout en s’organisant pour rembourser aux petites gens ses dettes. Notons ensuite que Pauline et sa fidèle amie Maria Dubouis ont reçu, à Rome en octobre 1856, un grand réconfort des Dames du Sacré-Cœur de la Trinité des Monts, du cardinal Villecourt et du pape Pie IX qui leur accorda plusieurs audiences. Elles eurent aussi le privilège, à la Toussaint, d’assister à la messe du Pape en la chapelle Sixtine. Celui-ci manifesta une dernière attention paternelle en faisant remettre à Pauline 300 F pour les frais de retour. Elle quitta Rome toute revigorée.

L’existence de Pauline s’acheva donc dans l’indigence et la douleur qu’elle réussit à dépasser, grâce à sa foi solide et à son amour qui lui permirent de donner à son œuvre une fécondité marquée par la croix et l’espérance. Pauline exhala son dernier souffle le 9 janvier 1862 dans un don de tout elle-même à Dieu, à l’Église, à la cause des Missions, du Rosaire Vivant et de la Promotion ouvrière, dans une confiance indéfectible en Dieu et en Marie. En mars 1889, sitôt après le décès de Marie Dubouis, au 30 rue Tramassac, le cœur embaumé de Pauline qui s’y trouvait (depuis avril 1866), est solennellement porté à l’archevêché puis dans l’église Saint-Polycarpe que Pauline fréquentait durant sa jeunesse. En 1910, s’ouvre le « procès » informatif en vue de la béatification de Pauline. Le dimanche 14 décembre 1919, fut célébré solennellement en l’Église Saint-Polycarpe, le premier centenaire de l’association de la Propagation de la Foi. C’est en automne 1819, en effet, que Pauline eut l’idée du plan, du sou par semaine et des dizaines. En 1922, la direction de l’œuvre fut transférée à Rome. Le 18 juin 1930, Pie XI signa le décret officiel d’introduction de la cause de Mlle Jaricot en Cour de Rome. Le 25 février 1963, Jean XXIII proclama Pauline « vénérable ».

La vie de Pauline est toute orientée vers la mission universelle de l’Église, mais aussi vers l’Eucharistie, l’offrande et le détachement de soi pour le salut des autres. Une cohérence apparaît dans ce que Pauline a vécu. En effet, l’Eucharistie est la célébration du mystère pascal, le mystère du don de Dieu, de l’Amour manifesté dans la mort et la résurrection de l’Homme-Dieu. Celui-ci s’est offert pour le salut de la multitude, c’est-à-dire pour le salut de l’ensemble de l’humanité (Mt 26, 28). A la fin de l’Eucharistie, les fidèles sont envoyés en mission, pour le salut du monde (Mt 28, 19-20 ; Lc 24, 33-35). Ils sont envoyés pour aller vivre avec leurs contemporains ce qu’ils ont célébré. L’Eucharistie est l’action de grâce de la créature envers son Créateur et sauveur. Quelle joie de pouvoir rendre grâce au Père pour le don du Fils, le don de l’Esprit et la dynamique missionnaire.

En méditant sur la vie de Pauline Marie Jaricot, il est important de s’arrêter sur les différents sens de l’Eucharistie : action de grâce, don, vie donnée, repas, donner et recevoir, communion, mystère pascal, mission de l’Église et de chaque baptisé, sacrements du salut, etc. La réalité qu’on appelle Eucharistie a son fondement dans la Cène de Jésus (Lc 22, 19s et 1 Co 11, 23s ; Mc 14, 22s) et renvoie à l’Amour, l’amour divin manifesté dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Celui-ci donne à manger son « corps » et à boire son « sang » sous la forme du pain et du vin. Le « corps » désigne, d’après l’usage sémitique, la réalité corporelle tangible de la personne de Jésus. Jésus est appelé le Serviteur de Yahvé par excellence (Is 53, 4-12). Il verse son sang pour fonder une nouvelle alliance avec Dieu (Is 42, 6 ; 49, 8.) Lui, le Serviteur de Dieu par excellence, accepte librement, par obéissance, une mort violente et fonde ainsi une nouvelle alliance. La nourriture offerte est le corps donné par Jésus à la Cène ; elle est le corps crucifié et ressuscité de Jésus. En consommant cette nourriture, on proclame la mort de Jésus avec son efficacité salvifique et on la rend efficace. Tous ceux qui la reçoivent sont réunis pour former la communauté de l’unique Corps pneumatique de Jésus Christ (1 Co 10, 16 s), la communauté missionnaire, toute tendue, comme son Maître, vers le salut de toute l’humanité. L’ordre est donné suite aux paroles de l’institution : « Faites ceci en mémoire de moi ». Là où les disciples accomplissent « ceci » (la Cène) légitimement, toute la réalité du Christ est toujours efficacement présente.

La célébration de la Cène, de la messe, de l’Eucharistie, selon divers mots que l’on peut employer, rend présent le sacrifice du Christ sur la croix, puisque ce sont le corps et le sang du Seigneur souffrant et mourant qui sont rendus présents comme livré et versé « pour la multitude ». Cette présence du sacrifice unique du Christ est donnée sous la forme d’une action liturgique sacrificielle de l’Église. C’est le Christ mort et ressuscité qui continue de se donner à nous. C’est un vrai repas, puisque le corps et le sang du Christ y sont présents réellement comme nourriture, et en même temps un vrai sacrifice, puisque l’unique sacrifice de Jésus reste agissant d’une façon durable dans l’histoire.

Le sacrifice du Christ en rançon pour tous évoque la figure du Serviteur de Dieu (Is 53, 11-12 ; Mt 20, 28). En se donnant en rançon pour tous, Jésus a rendu témoignage du dessein de salut universel de Dieu. Il se révèle ainsi le témoin fidèle du Père (Ap 1, 5 ; 3, 14). Le sacrifice est rendu efficacement présent et agissant par l’action liturgique représentative de la grandeur historique qu’est l’Église dans la célébration eucharistique. Les baptisés sont les membres de ce Corps ; ils sont donc liés, fils du Père dans le Fils unique et invités à vivre dans le même et unique Esprit, l’Esprit d’amour qui relie le Père et le Fils, qui fait vivre l’Église et ouvre celle-ci à toute l’humanité. L’Église est, dans le Christ, le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain (Lumen gentium, n°1).

Notons que l’Incarnation, la Résurrection et l’Élévation du Seigneur sont également rendues présentes par la célébration eucharistique (Jn 6, 57s ; He 10, 5-10). En accomplissant et en recevant l’Eucharistie, l’Église et chacun des fidèles accomplissent réellement une « eucharistie », c’est-à-dire une action de grâce, spécifiquement ecclésiale et la plus haute qui soit et sont envoyés en mission vers ceux et celles qui ne connaissent pas encore le Christ. Ils sont appelés à vivre la mission ad gentes. L’action de grâce, comme toute l’œuvre de salut que Pauline Marie Jaricot a voulu rendre accessible à travers les méditations du Rosaire vivant, concerne toute l’humanité.

L’offre de la grâce divine, le don même de Dieu, Jésus Christ totalement offert, est célébré, accueilli et proposé à toute l’humanité, en tant que Fils toujours aimé par le Père, dans l’Esprit, et définitivement proposé à tous les êtres humains, dans la chair et le sang. Avec le Christ, chaque disciple est invité à offrir sa vie pour le salut du monde ; l’Eucharistie est la réalité tangible et durable de la grâce et du salut offert, car Dieu veut que tous les êtres humains soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Tm 2, 4). L’Eucharistie fait de la communauté visible des fidèles, l’Église, un signe qui ne fait pas que signifier une grâce et une volonté divine de salut possibles, mais elle est la réalité tangible et durable de cette grâce et de ce salut qui concerne l’humanité entière.

Aujourd’hui comme hier, tout chrétien est invité à soutenir l’évangélisation dans le monde entier, à engager le dialogue avec ses contemporains, quelles que soient leurs convictions, afin de les aider à rencontrer Jésus-Christ, à l’accueillir et à en vivre. L’Œuvre de la Propagation de la Foi a pour but de former une conscience catholique chez tous les fidèles, tout en conjuguant une pleine docilité à l’Esprit et un engagement missionnaire ouvert au monde entier. Il s’agit aussi de préparer des animateurs et des missionnaires spécifiques qui œuvrent dans les Églises locales, afin que celles-ci participent de façon plus adéquate à la mission universelle. On comprend pourquoi la Propagation de la Foi est attentive à la formation missionnaire des jeunes et à la dimension missionnaire de la famille. Parmi les fruits les plus beaux de cette Œuvre, citons l’introduction de la Journée Mondiale des Missions (voir Jean-Paul II, Redemptoris Missio, n°81), accordée par la Congrégation des Rites le 14 avril 1926 et fixée à l’avant-dernier dimanche du mois d’octobre de chaque année. Tous les catholiques sont mobilisés pour prendre conscience de leurs responsabilités missionnaires, s’ouvrir à toutes les Églises pour savoir comment la mission universelle de l’Église est vécue dans les différents continents, pour connaître les joies, les difficultés et les peines liées à l’annonce de l’Évangile dans le monde. Chaque « disciple-missionnaire » est invité à participer financièrement à la collecte pour soutenir les Œuvres pontificales missionnaires et l’Église dans sa mission d’évangélisation du monde.

L’Église catholique a besoin de moyens financiers pour soutenir les projets missionnaires dans le monde, en particulier dans les « pays de mission » : former des agents pastoraux, financer la formation des futurs prêtres, des religieux et religieuses, former les catéchistes, donner des structures aux nouveaux diocèses créés par la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, construire des lieux de cultes, chapelles et églises. Même si la quête de l’avant-dernier dimanche d’octobre est faite pour la Propagation de la Foi, les catholiques sont invités à soutenir toutes les activités des Œuvres Pontificales Missionnaires. Il s’agit de l’œuvre de la Propagation de la Foi orientée spécifiquement vers l’annonce de l’Évangile, mais aussi de l’œuvre de l’Enfance missionnaire qui est davantage tournée vers les enfants. Il s’agit également de l’œuvre de Saint-Pierre Apôtre dirigée vers la formation des futurs pasteurs, les séminaristes, et enfin de l’œuvre de l’Union pontificale missionnaire qui est chargée de l’information et de la formation missionnaires des agents pastoraux, prêtres, religieux et religieuses, mais aussi les laïcs qui ont une responsabilité pastorale.

L’animation missionnaire ne se limite pas à la Journée mondiale des missions ou de la Mission. En France, une semaine missionnaire précède cette journée, avec des animations dans les paroisses, dans les diocèses et dans divers lieux pour sensibiliser les baptisés à leur responsabilité missionnaire. Dans certains pays, notamment en Afrique, c’est tout le mois d’octobre qui est réservé à l’animation pour mieux vivre la Journée missionnaire mondiale. Dans d’autres pays, diverses rencontres sont organisées tout au long de l’année pour bien préparer la Journée missionnaire mondiale. En France, des réunions sont tenues dans différents diocèses et provinces pour réfléchir sur le thème de la Semaine missionnaire mondiale et rechercher des moyens d’animation pour l’ensemble des catholiques. C’est aussi l’occasion de se former pour mieux rendre service au niveau du service diocésain de la mission universelle et des services de la solidarité, de la coopération et des migrants, souvent associés au service de la mission universelle.