30 octobre - Pauline : l’associée de « l’Homme solidaire »

30 octobre 2021

Pauline Jaricot est présentée comme « une femme en chemin avec l’Homme solidaire », une femme qui continue à vivre comme « le ferment synergique de l’apostolat catholique » (Sœur Cecilia Giacovelli, Pauline Jaricot. Biographie, op. cit., p. 320). Solidaire des pauvres, elle les a aidés non seulement à prendre conscience de leur dignité, mais aussi à lutter afin que celle-ci soit reconnue par le plus grand nombre de leurs contemporains. Elle les a aidés à mieux accueillir l’Évangile pour en vivre. Elle est également présentée comme « pionnière de la solidarité ouvrière et missionnaire », toute tournée vers Marie et Jésus son Seigneur. Celui-ci n’a-t-il pas supporté la grande « hostilité des pécheurs » (Sœur Cecilia Giacovelli, Pauline Jaricot, op. cit., p. 320), sans jamais se décourager ni renoncer à les appeler à se convertir.

La personnalité de Pauline illumine le monde des chrétiens laïcs, car elle est impliquée à la fois dans les évènements historiques, humains et surnaturels. Elle est tellement plongée dans une sorte de guêpier d’opérations juridiques, causées par la tromperie et par la fraude que le lecteur est pris de compassion pour Pauline. Elle ressemble au « Condamné innocent », son Seigneur qui a demandé aux filles de Jérusalem de ne pas pleurer sur lui, mais sur elles-mêmes et sur leurs enfants (Lc 23, 28). La manière dont Pauline a tenté de résoudre les problèmes de justice auxquels elle a été confrontée peut interroger chaque être humain dans sa quête de vérité et de justice pour lui-même mais aussi pour les pauvres et les petits qui manquent souvent de moyens pour se défendre. Cette manière peut aussi interroger sur la façon dont le baptisé s’implique dans la solidarité et la fraternité pour faire advenir un règne de justice et de paix dans le monde. Comme les lecteurs de l’épître aux Hébreux laissons-nous interpeler afin de faire vraiment partie des témoins du Christ, qui ont rejeté le péché et accepté de courir avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, « les regards fixés sur celui qui est l’initiateur de la foi et qui la mène à son accomplissement, Jésus, qui, renonçant à la joie qui lui revenait, endura la croix au mépris de la honte et s’est assis à la droite du trône de Dieu. » (He 12, 2).

Faut-il faire de Pauline « la patronne des commerçants ruinés » ou la « patronne de la Jeunesse ouvrière catholique » ou encore la « patronne du Mouvement de renaissance chrétienne » ? (Sœur Cecilia Giacovelli, Pauline Jaricot. Biographie, op. cit., p. 321). Elle apparaît comme une battante, une femme toute dévouée pour la cause de la mission de l’Église, pleine d’ardeur apostolique, comme sainte Catherine de Sienne et l’apôtre des Gentils. Pauline n’est-elle pas, finalement, « une martyre qui ne demande rien à Dieu pour elle-même, si ce n’est que l’Agneau immolé l’accueille au pied de son trône, comme la pauvre qui serre dans ses mains le certificat d’indigence jauni. » (Sœur Cecilia Giacovelli, Pauline Jaricot. Biographie, op. cit., p. 321).

Pauline Jaricot a été une « disciple-missionnaire » pour reprendre les mots du Saint-Père, révélant un profil d’apôtre, de témoin du Ressuscité, à la manière dont les femmes ont suivi Jésus et ont témoigné de lui après sa résurrection. Elle vit de l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. En effet, les fidèles incorporés à l’Église par le baptême, « participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu la victime divine et s’offrent eux-mêmes avec elle ; ainsi, tant par l’oblation que par la sainte communion, tous, non pas indifféremment mais chacun à sa manière, prennent leur part originale dans l’action liturgique. » (Concile Vatican II, Lumen gentium, n°11). Notons que « la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, lui dont la chair, vivifiée et vivifiant par l’Esprit Saint, donne la vie aux hommes, les invitant et les conduisant à offrir, en union avec lui, leur propre vie, leur travail, toute la création. On voit donc alors comment l’Eucharistie est bien la source et le sommet de toute l’évangélisation. » (Vatican II, Presbyterorum ordinis, n°5).

Pauline Jaricot et les œuvres qu’elle a suscitées apparaissent aujourd’hui comme une présence discrète, rassurante pour de nombreux missionnaires dispersés dans le monde entier. Ceux qui la connaissent savent qu’elle est incontournable dans l’histoire de l’évangélisation et de la mission de l’Église. Pauline comme les Œuvres Pontificales Missionnaires sont autant de panneaux indicateurs pour la sollicitude chrétienne, les échanges entre Églises, l’engagement commun pour la mission au-delà des frontières des pays. C’est la charité chrétienne, l’un des signes forts de la communion ecclésiale ; il s’agit aussi de l’offrande de moyens à l’Église universelle pour la mission, expression du don de soi pour participer à la mission évangélisatrice de l’Église à la suite de son Seigneur dans l’Esprit-Saint. Car Dieu veut que tous les êtres humains soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Tm 2, 4). Pauline qui s’est faite pélerine par la solidarité, doit accompagner les pèlerins qui recherchent une vie spirituelle forte en allant à la rencontre de Marie et de son Fils.

Mieux connaître Pauline, c’est mieux comprendre l’importance d’emprunter des chemins de réconciliation et de paix pour construire avec d’autres une civilisation de l’amour infini. C’est l’occasion aussi de s’orienter vers une culture fondée sur le partage fraternel, le soutien organisé pour tous les missionnaires sans distinction, en mobilisant tous les chrétiens autour du Seigneur Jésus, l’« Homme solidaire » avec le Père et dans l’Esprit, dans la réalisation du plan de Salut qui concerne toute l’humanité. Le souvenir réactualisé de Pauline, la « pauvre de Marie », permet aux frères et sœurs chrétiens de sympathiser, de soutenir la mission de l’Église et de demeurer dans une logique de conversion et d’amour.