4 octobre - Pauline et son frère Philéas, jeunes et déjà missionnaires

04 octobre 2021

Notons ici le lien entre Pauline et son frère Philéas et leur engagement commun pour soutenir les missionnaires et l’œuvre de l’évangélisation de l’Église. Et comme Philéas a eu une grande influence sur sa sœur, il est important de parler de lui ici. Alors que Pauline s’était convertie à fond et s’était engagée dans la voie austère du renoncement, voici que Philéas rêvait d’être prêtre comme son frère Paul qui, après un an de mariage, avait perdu sa femme le 29 juin 1816. L’année 1817 est, à Lyon, une année de trouble, de misères et même de terreur. Les responsables de l’ordre ne parviennent pas à jouer leur rôle pour instaurer la paix et la sérénité dans la ville. Pauline essaie de soulager les affamés comme elle le peut, en distribuant des centaines de bons de pain aux ouvriers et des habits aux nécessiteux. En octobre 1819, Philéas (1797-1830), le frère de Pauline, est à Paris, en lien avec les prêtres de Saint Sulpice et ceux des Missions Étrangères de Paris. Il avait interrompu ses études en 1814 et son père l’avait employé dans son commerce sous la tutelle de son frère Paul. Le 8 décembre 1817, il est reçu dans la Congrégation laïque de la Sainte Vierge, alias des Messieurs, se consacre à l’Immaculée et en devient le secrétaire. « La Congrégation des Messieurs ne semble pas avoir subi d’altération notable : elle s’est maintenue avec son caractère de simplicité et de force et son inépuisable fécondité pour le bien » (David Lathoud des Augustins de l’Assomption, Marie-Pauline Jaricot. 1. Le secret des origines de la Propagation de la Foi, op. cit., p. 34). Philéas est à la tête de la Section Charité qui visite les détenus, les malades, les indigents. On comprend que Pauline ait pu dire : « J’avais un frère qui, touché lui aussi par la grâce, s’était jeté entre les bras de Dieu. Il faisait diverses bonnes œuvres, entre autres, celles de préparer à la mort les pauvres condamnés, pour lesquels il demandait les prières des "Réparatrices". Ces prières obtinrent bien souvent à ces malheureux un sincère repentir » (David Lathoud des Augustins de l’Assomption, Marie-Pauline Jaricot, op. cit., p. 34).

En 1818, Philéas administrait à Lyon une sorte de Conférence de Saint-Vincent de Paul avant la lettre. Il entretient des relations avec des congréganistes dont l’abbé Rondot qui étudie au Séminaire de la rue du Bac, à Paris. Durant l’année scolaire 1818-1819, Philéas était à Paris, en relations fréquentes avec les directeurs des Missions-Étrangères de la rue du Bac, et écrivait à sa sœur Mlle Pauline Jaricot, à Lyon, pour l’exhorter à créer une œuvre parmi les fidèles de cette ville, pour venir au secours des missions de l’Asie. Une correspondance missionnaire débute donc entre Philéas et Pauline. A partir d’octobre 1819, Philéas s’initie à la philosophie au Petit séminaire de Sainte-Foy l’Argentière. Arrivé à Saint-Sulpice le 20 octobre 1820, il y reçoit la tonsure en décembre, les ordres mineurs en décembre 1821, le sous-diaconat le 1er juin 1822, le diaconat le 24 mai 1823, la prêtrise le 20 décembre 1823. Il rentra à Lyon en 1825, fut aumônier de la Charité jusqu’e vers la fin de 1826, et fut institué maître spirituel de l’Hôtel-Dieu. Il mourut sur la brèche à ce poste d’honneur et de sacrifice, le 26 février 1830.

Comme sa sœur Pauline, Philéas a le cœur tourné vers les pauvres ; tout son ministère de congréganiste et de prêtre fut de pure charité. Ses instructions aux Sœurs des Hôpitaux palpitent de surnaturelle compassion pour les membres souffrants de Jésus-Christ. Durant la Révolution, de graves désordres s’étaient glissés parmi les infirmiers et les infirmières de l’Hôtel-Dieu. Philéas établit un noviciat de Sœurs isolé, loin de toute ingérence séculière, sur la colline de Fourvière, dans une maison qui occupait l’emplacement de l’abside de la basilique actuelle. Persécuté sans doute par des gens qui n’apprécient pas son engagement auprès des pauvres et, après deux empoisonnements successifs, il fut atteint gravement, car la nouvelle dose était trop forte. C’est à Collonges où sa famille l’avait transporté qu’il expira, après avoir souhaité être enseveli dans le cimetière des pauvres à la Madeleine au lieu d’être enterré à Loyasse avec les siens. Ses restes y furent transportés plus tard le 14 septembre 1907. 

Philéas et Pauline ont été éduqués à faire attention aux pauvres, à les accueillir et à écouter l’histoire des Martyrs de Lyon, du Japon ou de la Chine, le pays originaire de la soie. Philéas et Pauline rêvaient précocement de répandre leur sang pour le Christ. Le sang des martyrs ne fait-il pas « pousser les chrétiens » (David Lathoud des Augustins de l’Assomption, Marie-Pauline Jaricot, op. cit., p. 40) ? Pauline veut également aller en mission « pour soigner les malades, mettre des fleurs dans les chapelles, coudre des linges et des ornements d’autel… Le 19 avril 1805, lors de son séjour à Lyon, le pape Pie VII avait accordé une bénédiction particulière à la famille Jaricot et posé les mains sur Philéas et Pauline, la future fondatrice de la Propagation de la Foi. Plus tard, Philéas va devenir, selon ses termes, l’agent des Missions Étrangères ; il va écrire à la rue du Bac, pour recevoir des nouvelles des missions, les faire suivre à Pauline, laquelle à son tour les passe autour d’elle. Il va la pousser à organiser la collecte permanente et automatique : « En Angleterre, avec un sou par semaine, on fait des sommes immenses pour la propagation de l’erreur. Comment en France ne ferions-nous rien pour la propagation de la vérité ? » (David Lathoud des Augustins de l’Assomption, Marie-Pauline Jaricot, op. cit., p. 106).