9 octobre - Organisation du Rosaire vivant

09 octobre 2021

Pour Pauline Jaricot, le Rosaire vivant est un moyen qui semble venir au secours de la faiblesse des enfants de Dieu pour les aider à rajeunir l’antique et solide dévotion du Rosaire. Le Rosaire vivant va permettre au Rosaire de saint Dominique de devenir plus attrayant en proposant ainsi une nouvelle dévotion, un précieux remède que diverses personnes vont pratiquer avec empressement, en France et ailleurs, en provoquant une série de prodiges et de grâces. L’organisation du Rosaire vivant est précise.

Pauline divise le Rosaire en quinze chapelets. Les associés se répartissent en section de quinze personnes – ou quinzaine – en l’honneur des quinze mystères du Rosaire. Chaque associé doit réciter tous les jours une dizaine de chapelet en l’honneur du mystère, tiré au sort chaque mois, qui lui est échu. De la sorte, le Rosaire est récité en entier chaque jour par le groupe des quinze et tous les mystères sont médités à tour de rôle. Le Rosaire est récité autant de fois chaque jour qu’il y a de sections. A la tête de chaque section, il y a une zélatrice. Les sections se regroupent à leur tour en division, comprenant onze sections, avec à leur tête une conseillère.

L’originalité de Pauline, c’est de répartir les quinze dizaines entre quinze associés solidaires. Elle insiste beaucoup sur la méditation des mystères. Elle écrit : « C’était quelque chose de rendre par là cette pratique facile à la multitude ; c’était quelque chose d’obtenir que des gens qui ne savent ce que c’est que de méditer, voulussent consentir à se représenter pendant l’espace du temps nécessaire pour dire un Pater, dix Ave et un Gloria Patri un des mystères du divin Rédempteur et de sa très sainte Mère… Le regard de ces cœurs sur un des mystères de la vie de N.S. pendant une minute faisait une demi-heure par mois de méditation sur ce divin Jésus qu’on ne peut regarder sans que la terre du cœur de l’homme s’échauffe, se vivifie et produise quelques fruits de salut. Voilà une des fins du Rosaire vivant » (Pauline Jaricot, Le Rosaire vivant. Cette harpe vraiment divine, Paris, Lethielleux, 2011, p. 21.)

Afin de resserrer les liens de la charité par des rapports fréquents entre personnes d’un même groupe, les assemblées sont fractionnées. Il est plus facile aussi d’éviter la confusion des assemblées nombreuses.  Pauline veut établir des liens profonds de charité fraternelle et même surnaturelle entre ses associés. « Car, si la fin essentielle de l’association est de fléchir la colère de Dieu par l’entremise de Notre-Dame du Rosaire, vivifier de plus en plus la foi dans les âmes des fidèles, obtenir la conversion des pécheurs et conserver la foi en France, une autre fin du Rosaire vivant état d’établir une union entre les associés. Elle voulait offrir à la Sainte Vierge par l’assemblage de ces quinzaines de vraies couronnes de rosaires vivants à Marie. » (Pauline Jaricot, Le Rosaire vivant , op. cit., p. 21.)

Tous les cœurs dévoués à Notre-Dame du saint Rosaire sont invités à vivre de la charité du Seigneur Jésus et à être un seul cœur. « Cette charité n’est point un amour d’exclusion qui se concentre seulement dans les membres de l’association. C’est au contraire un amour d’extension. C’est une réunion de forces que nos cœurs se prêtent mutuellement pour aimer plus parfaitement tous ceux que Dieu a créés à sa ressemblance, et rachetés comme nous de son précieux sang. » Il était prévu, lors de chaque réunion de partager les nouvelles concernant les progrès ou les besoins de l’association, les grâces obtenues ou celles à demander, sans perdre de vue la fin essentielle de l’association : la conversion des pécheurs, la conservation de la foi en France et l’exaltation de la sainte Église dans tout l’univers. Selon Pauline, compte tenu des revendications ouvrières qui commençaient à s’exprimer en divers lieux, principalement à Lyon, l’association du Rosaire vivant devait se consacrer à militer pour « le salut de la France entière…. Par la foi et une confiance sans borne en la Reine du ciel… toute puissante sur son cher fils. » (Pauline Jaricot, Le Rosaire vivant, op. cit., p. 23).

Il fallait aussi procéder à la distribution des objets de piété pour les répandre, sans oublier le prêt des bons livres. En fait, l’association devait s’adresser à tous et aider, de cette façon, toutes les classes de la société à s’unir. Il est par conséquent nécessaire de respecter le règlement : « Daigne le Ciel faire comprendre à tous nos associés que la bonne organisation des quinzaines est la condition de vie de l’association. Que leur multitude fait sa force, que l’exactitude de chaque associé à réciter tous les jours sa dizaine, à comprendre par l’esprit et à goûter par le cœur le Mystère qu’il est chargé d’honorer est une assurance de victoire. » (Pauline Jaricot, Le Rosaire vivant, op. cit., p. 36)

Toutes les personnes doivent être à l’aise dans les assemblées : négociantes, rentières, simples ouvrières ou petits bonnets ronds. Pour Pauline, les rassemblements du premier dimanche du mois, comme des conseils de famille, doivent être une joie ; c’est l’occasion d’être simples, humbles et réguliers. En donnant le nom de Rosaire vivant à l’œuvre, Pauline a voulu faire revivre par la méditation et la contemplation les mystères de la vie de Jésus et de Marie, en les mettant en œuvre dans notre vie quotidienne. L’union des quinze associés formant la couronne vivante du saint Rosaire a pour but de leur apprendre à lire elles-mêmes dans les Cœurs sacrés de Jésus et de Marie. Le Rosaire est vivant, car il établit l’union entre tous ceux qui participent ; c’est une couronne vivante de roses offerte au Seigneur, les roses étant les différents mystères. Le Rosaire honore à la fois Jésus et sa Mère, car Marie est nouée au Rosaire ; « Marie et le Rosaire, c’est tout un. Qui dit Rosaire, dit Jésus et Marie. » (Pauline Jaricot, Le Rosaire vivant, op. cit., p. 24)